INTRODUCTION
Le littoral est considéré comme la zone à la fois
terrestre et marine, d'influence réciproque du milieu océanique et
du milieu continental (écotone). Cette zone est un milieu spacialement
limité et soumis à toutes les pressions, à la fois naturelles et anthropiques.
Le littoral français en quelques chiffres (métropole seule) :
L'équilibre écologique du littoral est particulièrement
fragile, il est le résultat d'interactions complexes et de l'alternance
d'évolutions qui doivent demeurer possibles : Mouvements de la
côte, circulation de l'eau . . . Au-delà des déchets sur les plages et des marées noires dues aux rejets (accidentels ou frauduleux) d'hydrocarbures, les eaux littorales sont surtout touchées par des pollutions chroniques provenant des villes, industries et activités agricoles du bord de mer, mais aussi des bassins versants des fleuves et rivières qui drainent des eaux polluées par les activités de l'intérieur des terres.
1.DEMOGRAPHIELes communes littorales regroupent sur 4% de la surface nationale près de 10% de la population permanente (1990). La densité moyenne (246 hab./km²) y est près de deux fois et demie supérieure à la moyenne nationale. Cet effet de concentration est maximal dans les départements des Alpes-Maritimes et des Pyrénées-Atlantiques. L'essor de la population littorale connaît un fléchissement depuis les années 1980. De 1982 à 1990, la population s'est accrue plus fortement dans les communes en retrait des côtes que dans les communes en bordure de mer. Chaque habitant produit chaque jour une certaine quantité de pollution. La restauration de la qualité des eaux littorales passe par un bon assainissement collectif. Des efforts restent à faire pour améliorer la collecte des eaux usées et surtout l'efficacité de l'épuration, notamment avec la mise en place de filières adaptées au traitement des pollutions azotées et/ou phosphorées et à la désinfection microbienne des eaux usées.
2.TOURISMELe tourisme constitue un des principaux ressorts de l'économie littorale. En plus de l'occupation permanente du littoral, il faut tenir compte des mouvements saisonniers (population estivale 2,2 fois plus importante que la population permanente) et des capacités d'accueil des communes littorales. Les concentrations estivales les plus fortes restent localisées sur les communes littorales du Var et des Alpes-Maritimes. Parallèlement au développement touristique, la navigation de plaisance a connu une phase d'expansion considérable. L'essor de la navigation de plaisance a amené un développement important de nouveaux ports de plaisance, ce qui n'est pas sans effet sur la qualité de l'environnement. Ainsi, l'impact du tourisme sur le littoral est énorme mais complexe et insidieux, il est à la fois visible et invisible. Les 30 dernières années ont été destructrices : mitage d'un grand nombre de paysages par une forte promotion immobilière, bétonisation des côtes, surfréquentation et destruction de lieux exceptionnels, amoncellement des déchets, pollution des eaux de baignade, épuisement des ressources en eau douce. . . Il existe de véritables spirales de dégradation, qui se répercutent sur la rentabilité du tourisme lui-même. C'est pour cela que certains envisagent désormais de promouvoir un tourisme durable.
3.PRESSIONS INDUSTRIELLES Il n'est pas aisé de donner un aperçu des activités industrielles sur le domaine littoral, compte tenu de la diversité des activités mises en oeuvre et de leur éventuel impact sur l'environnement immédiat : pollutions de l'atmosphère, des sols et des eaux, extension des zones portuaires et industrielles au détriment du tiers naturel. Le littoral est le lieu
où se concentre une très forte production d'énergie : c'est le lieu
d'acheminement du transport maritime du charbon et du pétrole, ce
qui induit la concentration d'équipements énergétiques très importants
pour le déchargement des navires (pétroliers, méthaniers, ... ), le
stockage, le traitement (raffineries & usines pétrochimiques)
et la distribution de l'énergie fossile. Les grandes raffineries se
concentrent dans de vastes zones industrialo-portuaires (ZIP), ainsi
que l'industrie pétrochimique, l'industrie métallurgique, la chimie
des engrais et l'industrie agro-alimentaire. 3a.Trafic maritimeLe littoral est également
soumis aux risques liés aux aléas (naufrages, dégazages, ...
) du trafic maritime. En conséquences le développement
de ces grands complexes industriels s'est aussi accompagné de modifications
profondes ou d'éradication de paysages naturels, de problèmes
liés aux pollutions de l'eau, de l'air et des sols. Enfin, la Directive Seveso s'applique à 296 installations nationales dont 145 se trouvent sur les départements littoraux et 35 sur le littoral. 3b.Apport par les fleuvesEn drainant les eaux de ruissellement des bassins versants, les fleuves apportent vers le milieu côtier des substances minérales et des matières organiques qui résultent de l'érosion des terres, mais également des contaminants chimiques issus des activités humaines. D'une manière générale et
comparée avec les rejets industriels des principaux établissements
localisés sur le littoral, on constate que les apports polluants véhiculés
par les fleuves vers la mer participent d'une manière très significative
à la contamination du milieu marin. Principaux rejets sur le littoral
4.AGRICULTURE INTENSIVEL'agriculture est le premier
mode d'occupation du littoral, avec 43% des terres au niveau des cantons
littoraux (1988). Dans la partie la plus proche du littoral, au fil des années, la pression foncière n'a cessé de s'accentuer sur les terres agricoles induisant un recul considérable de la superficie cultivée.
5.PÊCHE ET CULTURES MARINESL'exploitation des ressources de la mer marque la présence de l'homme sur la côte et "normalement" traduit aussi un océan sain dont on peut consommer les produits. .La pêcheLa pêche est la marque la plus traditionnelle de l'activité de l'homme sur les côtes. On retrouve la distinction classique entre la pêche industrielle dont la sur-efficacité croissante est incompatible avec la capacité de renouvellement des ressources halieutiques et la pêche artisanale (petite pêche et pêche côtière), qui prélève des espèces en quantités plus limitées et de valeurs en général plus élevées. .Les cultures marinesL'aquaculture (conchyliculture
& pisciculture) dépend étroitement de la qualité des eaux
littorales.
LES SOLUTIONS
LUTTE publique CONTRE LA DEGRADATION DU LITTORALLe littoral constitue un espace fragile et sa protection, notamment contre les excès de l'urbanisme et de certains aménagements irréversibles, est une responsabilité de l'Etat qui s'est traduite par la création en 1975 du Conservatoire du littoral et des rivages lacustres et par l'adoption en 1986 de la fameuse loi Littoral.
Le Conservatoire du littoralEtablissement public administratif rattaché au ministère de l'Environnement, le conservatoire a été créé par la loi du 10/07/1975 pour assurer la protection définitive des espaces naturels fragiles et menacés en bords de mer et sur les rives des grands lacs. Il achète des terrains pour les sauvegarder et les restaure pour les rendre accessibles au public dans la mesure où ce libre accès reste compatible avec la protection de la faune, de la flore, des paysages et ne nuit pas au maintien de la richesse et de la diversité biologique. Son patrimoine, en 1995, représente 340 sites ouverts à tous, soit 45 000 hectares et 620 km de rivages acquis en 20 ans, soit 10% du linéaire côtier préservé. (En 2011 c'est : 138 000 Ha, 1200 km soit 20%, 600 sites) Il bénéficie du partenaire Procter & Gamble France qui a créé une "fondation d'entreprise pour la protection du littoral". Cette fondation donne au conservatoire des moyens financiers, techniques et humains supplémentaires pour aider à la gestion et à la protection des sites.
La loi LittoralLa loi du 3 janvier 1986 encore appelée "loi littoral" est relative à l'aménagement, la protection et la mise en valeur du littoral. Elle cherche à définir un équilibre entre la préservation du littoral et le développement des activités économiques liées à la proximité de l'eau. C'est en ce sens que la loi littoral peut être qualifiée de loi d'aménagement du territoire, bien qu'elle s'attache surtout à définir les conditions de protection des milieux naturels et des paysages. Cette loi fait l'objet de critiques de la part des élus locaux sur de prétendues difficultés liées à son application. Ainsi, l'article 1 qui indique que « le littoral est une entité géographique qui appelle une politique spécifique d'aménagement, de protection et de mise en valeur » est ressenti souvent comme un outil essentiellement utilisé pour la protection stricte de l'environnement aux dépens du développement économique des régions littorales.
Diverses mesures de protection du littoral :Le schéma de mise en valeur de la mer est le seul outil de planification de l'espace littoral. Il favorise la cohabitation entre les diverses activités maritimes. En 1995, le seul mis en place est celui de l'étang de Thau (Languedoc-Roussillon). Des SDAGES (Schémas Directeurs d'Aménagement et de Gestion des Eaux) ont été mis en place pour exiger une meilleure qualité de l'eau du littoral. Ils s'intéressent aux eaux marines, au développement des potentiels biologiques, touristiques et économiques du littoral par l'amélioration de la qualité sanitaire des plages ou la reconquête conchylicole des baies estuaires et étangs côtiers. Il existe des SAGES (Schémas d'Aménagement et de Gestion des Eaux) qui fixent des objectifs de protection des eaux, des écosystèmes aquatiques et des zones humides et qui évaluent les moyens nécessaires à leur mise en oeuvre sur des sous-bassins homogènes. Les ZNIEFF : L'inventaire des Zones Naturelles d'Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique offre une vision assez précise du patrimoine naturel français. Il peut constituer une forte présomption de qualité des milieux littoraux susceptibles d'être protégés de façon rigoureuse par des dispositions réglementaires. Les Sites classés représentent des territoires qui offrent un intérêt particulier, nécessitant une autorisation de l'Etat pour toute modification du cadre bâti, ce qui renforce la protection des espaces vis-à-vis de l'urbanisation ou de l'implantation de nouvelles activités. Les relèvent de la loi du 10 Oct 1976 relative à la protection de la nature. Elles concernent les parties du territoire qui présentent une importance particulière (faune, flore, sol, . . .) ou qu'il convient de soustraire à toute intervention artificielle susceptible de les dégrader. Fin 1995, on comptait 126 réserves naturelles nationales sur le territoire français dont plus d'une quarantaine sont situées sur le littoral (Fin 2011, c'est 164 réserves naturelles nationales). Les Parcs naturels régionaux : Leur objectif est de protéger le patrimoine naturel et culturel du secteur concerné en assurant une gestion adaptée des milieux. Il existe 30 parcs naturels régionaux dont 9 concernent des zones littorales. Les Parcs nationaux français : En 2011 ils sont au nombre de 10 dont 3 concernent le littoral. Les activités de la zone centrale du parc (même agricoles) sont strictement réglementées.
Le tourisme durableAprès 30 ans de bétonisation insouciante, les professionnels du tourisme s'aperçoivent ( enfin ! ) que la destruction des paysages peut se retourner à terme contre la rentabilité du tourisme lui-même. Sur le littoral, la politique de développement touristique française reste dans une logique "immature" de rentabilité à court terme (urbanisation exponentielle) au lieu de se préoccuper de vendre un service de qualité durable. Le linéaire côtier naturel disparaît à raison de 1% par an, les responsables du tourisme français n'ont pas encore vraiment pris le problème au sérieux. Au niveau européen, une charte du tourisme durable dans les zones protégées devrait aboutir en 1998. Les limites du système actuel :
Quelques propositions pour améliorer la situation :Les atteintes à l'environnement ne sont pas une fatalité pourvu que l'on choisisse un aménagement intégré, un tourisme plus réfléchi, s'insérant dans un développement durable. Il faut gérer la fréquentation et empêcher n'importe qui de construire n'importe quoi, n'importe où...
LES ACTIVITÈS TRADITIONNELLESChaque fois que cela s'avère possible et compatible avec la sensibilité du milieu naturel, les activités locales, traditionnelles ou non, pouvant assurer une part de la gestion du site devront être conservées, voire encouragées. C'est le cas des activités agricole, viticole, salicole, piscicole, ou forestière, si elles s'exercent dans des conditions extensives et en excluant autant que possible un recours à des traitements ou des amendements chimiques. Loin d'être incompatibles avec l'objectif de maintien de la diversité biologique et des paysages, elles y contribuent en général très fortement, et jouent un rôle de barrage contre une trop forte politique d'urbanisation. Il existe une volonté d'inscrire l'exploitation des ressources de la mer dans le concept du développement durable. En retour, les professionnels de la mer sont de plus en plus conscients des incidences de la modification du milieu marin sur les ressources marines, en terme de disponibilité et de qualité.
CONCLUSIONS
Les pressions humaines sont nombreuses, très diversifiées et se répartissent inégalement sur l'ensemble du littoral français. Elles ont de graves conséquences sur l'équilibre écologique du littoral en raison de sa fragilité. Une relation directe existe entre les pressions des activités humaines et la qualité de l'environnement littoral. Au delà de la bétonisation excessive des côtes (urbanisation, équipements, industries...), il faut également considérer les atteintes à la qualité des eaux marines par les divers apports polluants chroniques provenant des villes, des industries littorales, des activités agricoles, des fleuves et des rejets des navires :
Cette situation a conduit les pouvoirs publics à multiplier les mesures de protection, sans que l'on puisse encore complètement discerner une véritable stratégie d'ensemble. Une protection
durable et coordonnée du littoral est nécessaire et devra passer par
BIBLIOGRAPHIE
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